MVP du Trophée Coupe de France Féminin : Lisa Cluzeau " Je ne m'y attendais pas"

01/05/2024
Crédit Photo : AZA Pro
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Alençon Damigny a renversé les joueuses de la principauté vendredi dernier, à Paris. Menées 12-0, les filles de Fayssal Rhennam ont su trouver les ressources nécessaires et regagner leur identité défensive. La jeunesse de l'USBD Alençon a apporté de nombreux ingrédients qui ont fait la différence sur ce match ultime (84-65) ! 

Outre Stacy Chovino (13 points 8 rebonds), Cassandre Vêtu (12 points 8 passes) ou encore Marie Rosche Pellin (14 points 6/7 au tir) c'est tout un collectif qui a su briller. Chaque joueuse de l'Orne était prête pour ce moment comme le soulignait à notre micro Lisa Cluzeau, MVP de la finale à seulement 20 ans !

L'arrière formée à l'USO Mondeville nous a accordé ses premières impressions quelques heures après sa troisième finale, disputée et remportée dans la capitale. 

Planète Basket : "Jouer ce titre était-ce un objectif du club et personnel en début de saison ?"

Au début non, l'objectif avec le trophée Coupe de France, il était de récupérer des points bonus en quart et en demi pour le championnat ! Après, on a joué le coup à fond !

Lisa Cluzeau, vous ne connaissiez pas forcément cette équipe de Monaco ? Il faut dire que les deux finalistes évoluaient cette saison dans deux poules différentes. 

" Oui après on savait avant le match que notre force comme on l'a vu sur le premier tour des play offs, c'est la défense comme le Havre. Tandis que l'autre groupe où se trouvent l'ASVEL et Monaco, elles ont un jeu davantage orienté vers l'attaque. On a su bien les scooter. "

Les retardataires ont loupé l'entame tonitruante des monégasques. Kimsy Demontoux et cie infligeaient un (12-0) aux Normandes en 2 minutes. 

Les spectateurs ont été surpris. Pas l'idéal pour commencer une finale, la jeunesse démarre sur le banc, on y reviendra avec la MVP du match à notre micro (35 min de jeu), et à ce moment-là, Chovino et Cluzeau, sont lancées après 2 minutes 30 de jeu. 

" On savait qu'en défendant, on pouvait exister dans ce match, on avait ciblé plusieurs de leurs joueuses. On a su très rapidement, dès la fin du premier quart temps, trouver notre fond de jeu : défendre ensemble. C'est plus facile pour après développer nos actions offensives, on en a besoin."

Il y avait davantage d'expérience en face avec des joueuses qui disputaient une nouvelle finale à Bercy, comme Laroche. Vous avez été l'une des étoiles de cette finale. En face, tous les poisons ont été stoppés hormis Kimsy Demontoux (25 points, 7 passes mais 6 ballons perdus) !

On devait faire des choix. On a su les limiter. Forcément on ne peut pas tout contrôler. On a respecté le plan de jeu. Il n'y a pas de regrets.

Crédit Photo : AZA Pro
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C'est toute la ville qui est venue à Bercy !

Le public d'Alençon a été fantastique, les journalistes et les passionnés de basket sont unanimes pour dire qu'ils ont gagné le match en tribune, vous partagez ? 

"Oui, le public a été super important. Toute l'année, la salle était souvent remplie. Ils se sont même déplacés à plusieurs dizaines sur des matchs à l'extérieur. Nos supporters nous ont toujours poussés. C'est toute la ville qui est venue à Bercy ! toute la ville (rire)... Cela nous a donné de la hargne, c'est le sixième homme, on avait l'impression d'être six sur le terrain"

Le discours, de la jeune MVP était très détendu. Beaucoup de joie, 48 heures après ce sacre devant près de 6000 spectateurs présents sur la première finale de la soirée. 


Lisa, vous ne commencez pas le match, comment on vit ce genre de situation ? Il faudrait sortir les archives, mais ça doit faire très longtemps qu'une joueuse qui ne débute pas soit MVP de la finale.

" Cela semble logique, le choix du coach était raisonné. Je reviens de blessure (entorse au genou). Je suis revenue petit à petit. J'ai été éloignée deux mois des parquets. Les filles ont su gagner tous les matchs. Le cinq majeur aligné à Bercy, il était dans la continuité. Mes coéquipières ont su nous qualifier au plateau à domicile. Je ne l'ai pas mal vécu. Il y a une bonne cohésion dans le groupe."


Le titre de MVP ça vous procure quel sentiment, de l'emporter à seulement 20 ans !?

" Je n'y pensais pas. Quand on revoit le match, on apporte chacune de très belles choses. On a toutes bien jouées, ça aurait pu être une autre fille ! On a su hausser le niveau de jeu dès la fin du premier quart temps. Je n'y m'attendais pas. Cela fait plaisir."

On a senti dans votre jeu que vous sembliez prête et sereine pour ce genre d'événement, comment avez-vous vécu cette finale ?

" Je me suis dit comme à chaque match de donner le maximum. J'ai été dans mon registre. J'ai eu de l'adresse, les paniers sont rentrés. C'est cool ! Au-delà du titre, c'est encourageant. J'ai pu montrer ce que j'étais capable de faire"

Sincèrement, c'est l'un de mes meilleurs matchs de la saison ! 


Peut-on dire que sur cette finale, vous avez livré votre plus belle production, avec Alençon ?


" Je pense, qu'on peut le dire. J'ai fait des bons matchs, il y en a eu. Sincèrement, c'est l'un de mes meilleurs matchs de la saison ! C'est une victoire incroyable !"

Lisa n'en était pas à sa première finale à Bercy. Elle connaissait déjà la maison. Comme Fougères, la native de la Corrèze disputait sa 3ᵉ finale de Coupe de France. 

Ce n'est pas votre première finale, vous êtes habituée à ce genre de rendez-vous, quelles différences (s'il y en a), y a-t-il avec la Coupe de France Cadettes U18 ?

" Si on prend mes deux précédentes finales. C'est totalement différent. Ce n'est pas le même contexte, même si ça reste une finale. En U18, lors de ma première finale en 2019, j'étais le bébé du groupe. J'étais surclassée. Je prenais ce qu'il y avait à prendre. J'étais dans l'optique d'apprendre. En 2022, j'étais blessée. Je n'avais pas le rôle que j'ai aujourd'hui. J'étais l'une des joueuses d'expérience, j'ai eu l'occasion d'apporter du leadership, de la communication en défense. Ce ne sont pas mes meilleurs matchs à titre personnel. "

Il y avait de la pression, ajoute l'ancienne protégée de Dessislava Anguelova. 




 Lisa Cluzeau on vous a senti détendue, souriante dans ce match. Cet état d'esprit là, l'avez-vous travaillé, avez-vous demandé conseil autour de vous ? On a l'impression que vous avez passé un palier, vous avez grandi [...]

"Effectivement, c'est avec de la bonne pression que j'ai abordé ce match, cette finale. Je connais l'environnement. J'ai fait abstraction de la pression de la salle. Forcément, on y pense quand on entre sur le parquet. J'ai beaucoup travaillé sur moi. On peut dire que je l'ai préparée, cette finale. Le jour même, je me suis beaucoup détendue. Une fois dans la salle, je me suis très vite mise dans le contexte du match. Il y avait un sentiment d'excitation. J'ai réussi à prendre confiance en moi."

On peut dire oui que j'ai grandi. J'ai beaucoup appris cette année, je suis satisfaite.

Si Lisa Cluzeau a passé un palier avec l'USB Alençon Damigny, sa production en finale, n'en est qu'un reflet. L'arrière française vise la LF2 à court terme. 

Retrouver notre identité à Bercy, préparer la suite

Quel a été le programme après ce match, il y avait ce sentiment de rebondir pour les deux équipes après vos déconvenues lors du premier round des Play-offs ?

"Oui c'est clair, on se devait de rebondir après un non-match clairement à Lyon. On n'a pas su poser notre jeu. On ne s'est pas reconnues. On avait à cœur de retrouver nos valeurs. On a su faire de ce match un rebond, se remettre à défendre et à se remettre dedans. On a bien sûr fêté cela en famille. Le dimanche, on a fêté le titre avec notre public à Alençon. "

Lisa Cluzeau et ses coéquipières savent très bien que la saison n'est pas finie. Contrairement aux professionnelles de LFB du Tango Bourges qui ont effectué leur dernière danse sur les lattes du Palais Omnisport Bercy, les Ornaises ont trois finales à disputer. Trois finales, synonyme de montée en cas de victoires.



Le match de samedi peut être un tournant pour la suite


Vos prochaines échéances sont chargées, il y a ces play-offs avec un déplacement à Monaco [...]

"Oui, on va aller samedi à Monaco avec la même détermination. On avait été éliminées l'an passé à ce stade, l'objectif était de faire aussi bien que l'an dernier voire mieux ! On veut monter ! Elles nous attendent, elles seront revanchardes. Le match de samedi peut déjà être un tournant !"

Étudiante en parallèle en STAPS, celle qui a obtenu son bac avec un an d'avance, ne grille pas les étapes, mais avance.

"En signant en NF1, l'objectif était de me structurer davantage, de progresser et de me développer. À Mondeville, j'ai pu toucher ça du doigt (Jouer en LF2). Mon objectif est de monter les échelons désormais".


Vous l'aurez compris, l' ex internationale U19 française a le vent en poupe. Grandissant dans une équipe solide, Lisa se plaît à Alençon. Originaire de Tulle, elle entend vouloir y rester si les échéances futures se conjurent bien.

On a un groupe solide. La cohésion d'équipe est superbe. On se met toutes au service du collectif. Aujourd'hui, c'était moi qui ai performé, ce sera une autre fille le week-end d'après.

Fayssal Rhennam qui a un palmarès aussi long que le bras a réussi à souder toute une équipe atteignant une moyenne d'âge de 24,7 ans. Il a d'ailleurs félicité, Lisa et s'est entretenu avec chaque joueuse individuellement après le match.

Lisa Cluzeau présente les atouts du collectif du 1er de la Poule B.

"On est 3-4 jeunes où on a cette mission d'apporter de l'énergie de la fraîcheur. On ne doit pas se cacher. Les joueuses cadres sont là pour cadrer les choses. À Bercy, j'ai eu l'occasion d'apporter ma touche, ma plus-value, j'en suis satisfaite. "

Celle qui garde des liens forts avec sa formatrice de l'époque, Dessi Anguelova, souligne l'importance de bien s'entourer. "À Alençon, on a une bonne relation avec le coach. On se fait confiance mutuellement. "

La suite de la saison, vous la connaissez, chers amis : Alençon rejoue Monaco dès ce samedi au gymnase de l'Annonciade sur les hauteurs de Monte Carlo. En cas de victoire d'Alençon et de l'ASVEL les deux équipes ne seraient qu'à une marche de la montée en LF2 ! La LF2 n'est plus si loin pour Lisa Cluzeau qui s'entraîne 6 fois par semaine avec son équipe. 

À l'Accor Hôtel Arena, 

Gauthier Carboni

Crédits Photos : AZAPRO